Le parfum de l’inconnu

Le parfum de l’inconnu

(Histoire inédite – Carnet Intime Sensualia)

 

La pluie s’était apaisée, laissant derrière elle cette odeur douce d’asphalte et de jasmin.

Dans le petit café à la lumière tamisée, le monde semblait suspendu.

Elle entra, refermant son parapluie encore perlé de gouttes.

Lui était là, assis près de la vitre, un livre entrouvert devant lui.


Leurs regards se croisèrent une première fois.

Un simple éclat.

Rien d’insistant. Mais assez pour troubler la respiration d’un instant.


Elle choisit la table voisine, à portée de son regard.

Un serveur s’approcha, elle commanda distraitement.

Ses pensées, pourtant, s’étaient déjà échappées de la conversation.


Il leva les yeux.

Leur silence se croisa une deuxième fois, plus lentement.

Un sourire à peine esquissé, comme un secret partagé.

Puis, rien.

Juste la présence de l’autre, comme une chaleur douce à quelques pas.


Le temps s’étira.

Dehors, la pluie reprit doucement.

À chaque page tournée, à chaque gorgée de café, quelque chose se tissait — une curiosité, une attirance calme.

Elle effleura le bord de sa tasse. Il reposa son livre.

Leur silence prenait la place de tout le reste.


Quand il se leva pour partir, elle sentit son cœur accélérer sans raison.

Il prit son manteau, la salua d’un simple regard.

Puis, avant de franchir la porte, il hésita.

Un instant.

Comme si le dehors avait cessé d’exister.


— Vous venez ? demanda-t-il, d’une voix basse, à la fois assurée et fragile.


Elle se leva sans réfléchir.

La cloche tinta au-dessus de la porte quand ils sortirent.

Dehors, l’air était frais, la rue presque vide.

Il tenait son parapluie d’une main, et, naturellement, elle s’en approcha.

Leurs épaules se frôlèrent. Leurs pas trouvèrent le même rythme.


Sous l’abri fragile du tissu, ils avancèrent lentement.

Le bruit de la pluie couvrait tout.

Il tourna la tête vers elle, si près qu’elle sentit son souffle sur sa joue.

Un silence.

Et puis, simplement, il se pencha.

Leur front se toucha d’abord, timidement, avant qu’un baiser ne vienne sceller ce moment suspendu — doux, presque irréel, comme si le monde n’était plus qu’eux.


Quand leurs lèvres se séparèrent, la pluie avait cessé.

Elle garda les yeux clos un instant, pour prolonger la chaleur de ce contact.

Lui la regardait, comme on regarde un souvenir en train de naître.


Ils ne dirent rien.

Aucun nom n’échangea leurs lèvres.

Juste un dernier regard, avant que leurs chemins ne se séparent,

et ce parfum, celui de l’inconnu, ne reste suspendu entre eux, comme une promesse silencieuse.

 

Prolongez le frisson…

 

Certains instants ne s’oublient pas.

Découvrez la sélection Sensualia, pensée pour prolonger la douceur, la curiosité et la chaleur de la rencontre.

→ [Explorer les essentiels Sensualia]

 

Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.